Samuel – Émouvante série d’animation française

En zappant sur la chaîne Arte en début de soirée, je tombe nez à nez sur une scène d’animation où un jeune garçon se dandine sur du ABBA. Ni plus ni moins, je rembobine pour regarder cet épisode de 3 minutes en entier : le coup de cœur est immédiat. Je profite de la modeste tribune qu’est Hanashi pour vous présenter Samuel, une mini-série française de 21 épisodes, créée et réalisée par Émilie Tronche, et pour tenter de vous expliquer en quoi elle m’a touché.

Nous suivons les tribulations de camarades d’une classe de CM2, avec comme protagoniste Samuel, 10 ans. Il a un super copain nommé Corentin avec qui il fait les 400 coups. Il y a une fille nommée Julie dont il est secrètement amoureux. Il y a Dimitri, un garçon talentueux et sûr de lui qu’il considère comme son rival. Et puis Bérénice, une sans-amis qui se déclare à Samuel.

Samuel possède un journal intime où il note chaque jour ce qu’il a vécu et ressenti dans sa journée. Entre joie et bonheur, honte et jalousie, la vie de pré-ado n’est pas de tout repos !

Avant même de parler du fond, la première chose qui saute aux yeux, c’est bien le graphisme réduit à son strict minimum, tout en noir et blanc, avec très peu d’encrage. Ce minimalisme est poussé jusqu’au doublage, puisque tous les personnages sont joués par une seule comédienne, la réalisatrice elle-même. Des choix artistiques permettant d’asseoir fortement le côté autoproduction amateure qui ressort, bien que plusieurs animateurs aient travaillé sur le projet.

Son chara-design simplifié offre une large palette d’émotions que la série exploite ardemment à travers de riches aventures. De nombreuses fulgurances d’animation sont présentes : on peut citer, par exemple, le jeu de l’épervier dans le 7e épisode, avec des travelling et un dynamisme accru.

Ce dessin animé, c’est un peu comme si le journal intime de Samuel prenait vie. L’histoire est raconté de son point de vue, en embellissant la réalité, bien entendu, car même si Samuel ne sourit pas beaucoup, ses émotions sont à fleur de peau. Chaque épisode narre un événement de son quotidien d’écolier, que ce soit ses rapports avec ses camarades, l’éducation qui l’ennuie, ses réactions face aux surprises de la vie… Parfois, ses journées sont heureuses, comme lorsqu’il croise le regard de Julie durant un spectacle, ou malheureuses, lorsqu’il réconforte Corentin ayant récemment perdu sa grand-mère.

En sa compagnie, nous, spectateurs, retrouvons nos émotions d’enfance. Émilie Tronche a parfaitement su capter ces petits riens simples qui nous émerveillaient ou nous déprimaient, alors que nous n’étions qu’à l’aurore de notre existence.

Notons l’omniprésence de la musique dans le récit comme vecteur d’émotions. Dès le premier épisode, on ne peut qu’être séduit par Samuel dansant en agitant les bras et chantant The Winner Takes It All de ABBA. Car en plus d’être parfaitement exécutée, cette scène décrit à la perfection ce que Samuel a sur le cœur.

Avec plus de 40 millions de vues cumulées sur les différents réseaux web, cette mini-série prouve une fois de plus que l’animation française a de très belles choses à offrir. J’ai dévoré les épisodes d’une seule traite, passant de la joie aux larmes en un temps record. À la manière du jeu vidéo Omori que j’ai pu publier ici, ou encore Le chemin de l’amitié, je suis sensible à ces histoires où des enfants sont confrontés aux affres de la vie.

Pour aller plus loin :
– La chaîne d’Arte TV où l’intégralité des épisodes sont visionnables gratuitement.
– Cette interview de la réalisatrice nous éclaircit sur les choix de production.
– Interview de Damien Megherbi, producteur chez Les Valseurs, évoque les choix de diffusion de Samuel.
– Page de Samuel sur Arte, avec des ressources graphiques.