Hanashi

Gloutons & Dragons – Fantasy culinaire

Dans l’Heroic Fantasy, les aventuriers en quête de puissance, de renommée et de richesse sont monnaie courante. Parmi ces récits, un aspect est toujours mis de côté : la nourriture !

C’est le parti pris par Ryôko Kui, jeune autrice fidèle de l’éditeur Enterbrain et de son magazine Harta (anciennement Fellows!). Elle débute sa carrière en 2011 avec deux one-shot, Ryuu no Gakkou wa Yama no Ue et Ryuu no Kawaii Nanatsu no. S’en suit en 2013 Hikidashi no Terrarium, une compilation d’histoires courtes qui sera nominée au prix Manga Taishô l’année suivante. En 2014, elle commence sa première sérialisation, Gloutons & Dragons, seule de ses œuvres à avoir traversé nos frontières. Là aussi, deux nominations au prix Manga Taishô suivront en 2016 et en 2019.

Nous suivons un groupe d’aventuriers en pleine déroute. Après avoir perdu un combat face à un dragon, ils n’ont d’autre choix que de fuir en catastrophe le donjon dans lequel ils se trouvaient. Pire, une de leurs coéquipières, Farynn, s’est fait gober par le monstre ailé ! Son corps ne peut rester qu’une semaine dans son estomac avant d’être dissous et digéré, signant la fin de tout espoir de résurrection. Son frère Laios décide d’y retourner sans délai pour la sauver. Problème : une expédition de ce genre s’organise, et des membres ont préféré quitter le groupe. Heureusement pour Laios et ses compagnons, une rencontre avec un cuisinier hors du commun va alléger leur peine.

La première qualité de Gloutons & Dragons, c’est l’alchimie entre ses héros. Tout d’abord Laios, humain et leader du groupe, se distingue par son amour immodéré pour les monstres sous toutes leurs formes. Marcyle, une elfe magicienne, est aussi douée que maladroite. Tylchak, halfelin à la langue bien pendue, n’a pas d’égal lorsqu’il s’agit de déjouer pièges, mécanismes et serrures. Enfin, Senshi, nain vivant au sein même du donjon, n’a pas son pareil pour cuisiner les ressources locales. Tout ce petit monde va devoir s’entraider et cohabiter pour survivre dans ce donjon impitoyable, chacun faisant profiter de ses talents au reste du groupe.

Le donjon justement, parlons-en : œuvre d’un sorcier fou ayant enterré un royaume tout entier en ses entrailles, il est l’élément central du récit, l’endroit où se déroule l’intégralité, ou presque, de l’action. Il se raconte que quiconque arriverait à défaire ce sorcier, deviendrait le nouveau maître du donjon et hériterait de toutes ses richesses. Pour accueillir et profiter des nombreux aventuriers venant tenter leur chance, nous découvrons tout au long des chapitres qu’une véritable société s’est créée autour de celui-ci : marchands d’armes et de vivres, auberges, transports ; tout cela amenant l’expansion économique des villes avoisinantes. Chaque étage du donjon dispose de son propre biome : architecture, monstres, pièges, végétation, conditions climatiques… tout est constamment renouvelé, apportant un sentiment constant de découverte chez le lecteur.

Et la bouffe dans tout ça ? Pour pallier le manque de moyens et de ressources du groupe, Laios décide de mettre à profit les monstres rencontrés dans le donjon en les mangeant ! Problème : si lui ne se fait pas prier, ce nouvel usage n’est clairement pas du goût de Marcyle et Tylchak, pour qui cela représente une ligne rouge à ne pas dépasser. C’est ici qu’intervient Senshi, avec ses talents de cuistot hors pair. Arrivant à rendre mangeable, et même appétissant, n’importe quelle viande de monstre ou plante poussant à l’intérieur du donjon, il mettra un point d’honneur à préparer des repas équilibrés et adaptés à chaque situation. Pot-au-feu de scorpion géant, tarte aux plantes mangeuses d’homme, omelette à la mandragore, ou encore brochettes de kraken… tout y passe, et force d’admettre que les plats donnent l’eau à la bouche tant ils sont magnifiquement représentés. Senshi poussera la perfection au point d’adapter ses repas à la situation du moment, en calculant les apports nutritionnels aux besoins de chacun, et mettra un point d’honneur à ne faire aucun gâchis. Ils seront aussi l’occasion pour nos héros de discuter, renforcer leurs relations et atténuer la fatigue accumulée.

En résumé, Gloutons & Dragons est un manga d’Heroic Fantasy tout en détente qui jongle parfaitement entre action et humour, trouvant toujours le juste milieu pour ne pas rendre le récit pesant, malgré les situations parfois critiques. Le tout est porté par un dessin très agréable et un découpage classique, mais efficace. On sent que Ryôko Kui prend plaisir à faire ce manga, et cela se ressent ; j’ai très hâte de voir ce que nous réserve son imagination débordante !

Titre : Gloutons & Dragons
Titre VO : ダンジョン飯 / Dungeon Meshi
Autrice : Ryôko Kui
Genres : Fantasy, Aventure
Éditeur : Casterman (France)
Nombre de volumes : 10 (en cours)
Première publication : Depuis février 2014

Synopsis : Votre équipe d’aventuriers affamés se retrouve privée de provisions en pleine exploration d’un donjon infesté de monstres. Dépêchez-vous ! L’un de vos compagnons vient d’être dévoré par un dragon. Quand le monstre l’aura entièrement digéré, vous ne pourrez plus le ressusciter ! Et si la réponse était là, sous vos yeux ? Pleine de griffes ou de crocs, de poils ou d’écailles, de tentacules ou de pinces… mais appétissante, non ? Gloutons & Dragons, le manga qui invente la gastronomie fantasy !

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