Hanashi

Meru Puri – Avant Vampire Knight, le premier succès de Matsuri Hino

Malgré un triomphe planétaire, la saga Twilight traîne toujours derrière elle une réputation peu enviable. Pourquoi est-il si compliqué de comprendre les fondements d’une telle hystérie autour de cette version moderne et adolescente du culte du vampire ? Un de ses équivalents manga, Vampire Knight, n’échappe pas non plus à ces viles critiques. Pourtant, le soutien des fans est énorme, au point de se propulser parmi les meilleures ventes de l’époque. L’adaptation plutôt efficace du Studio Deen en 2008 a contribué à sa renommée tout autour du globe.

Son autrice, Matsuri Hino, n’en est pas à son coup d’essai. En 2002, soit quelques années auparavant, Meru Puri (contraction de Märchen Prince, signifiant « prince de conte de fée »), faisait les beaux jours du magazine LaLa de Hakusensha. À l’époque, on y croisait des classiques reconnus comme Kare Kano ou Host Club. En France, c’est Panini manga, ex-mastodonte du shôjo aux côtés de Akata-Delcourt qui publia le titre, et ce, par trois fois. Une première édition par Generation Comics en 2005, une seconde à la couverture retravaillée sous le sigle Panini, et enfin en 2015, une édition double pour rendre visible de nouveau ce récit aux plus jeunes. Un histoire complète en 4 volumes, qui fut pour moi une petite capsule de déconfiné en ces temps difficiles.

Rencontrant le succès, Meru Puri est pourtant loin d’être une référence dans le domaine. Né d’une envie de la mangaka de raconter une histoire évoquant la magie et les sorciers, son éditrice accéda à ses désirs. En pleine Potter Mania, elle était convaincue que c’était le bon moment pour se lancer dans cette entreprise. Seul élément imposé dans le récit : un harem masculin. Et à mon sens, c’est l’ajout de ce fameux harem qui freine les qualités de ce titre. Car en abordant autant de mâles tournant autour de son héroïne, la lycéenne Airi, les sentiments qu’ils ont à son égard sont peu développés, rendant de nombreuses scènes superficielles et donc inutiles. Il faut donc plutôt les considérer comme des faire-valoir rigolos, au profit du jeune prince Alam, un enfant gâté et naïf qui tombera éperdument amoureux d’Airi.

Ce petit garçon très mignon est la substance d’originalité qui saupoudre le récit, car victime d’une malédiction : lorsque celui-ci se retrouve dans le noir, il devient un jeune homme de 17 ans ! Seul un baiser pourra le faire revenir à son état d’origine… On imagine assez facilement quels quiproquos et péripéties délirantes il en découle. En fermant le dernier tome, j’ai trouvé cette histoire d’amour entre une lycéenne et cet enfant d’une grande tendresse, une relation plaisante à voir évoluer.

La grande qualité de Meru Puri est plutôt à chercher du côté du dessin. Matsuri Hino est une illustratrice de talent, et ça se voit dès l’ouverture des premières pages. Son trait est précis, avec un souci du détail pour la quasi totalité des cases. Les personnages venant d’une haute lignée sont distingués. La mangaka prend un malin plaisir à dessiner des vêtements mélangeant les cultures, pour un maximum de volupté. Par exemple, les habits d’Alam sont inspirés de la culture turque. Il va sans dire que c’est par ce biais que Meru Puri s’est distingué au sein du magazine, et a révélé les capacités de son autrice au grand jour. Il faudra alors attendre Vampire Knight en 2004 pour qu’en plus de dessins sophistiqués, l’histoire et l’univers soient réellement à la hauteur.

Meru Puri reste malgré tout un produit d’époque qu’il fait bon lire, gagnant à être redécouvert aujourd’hui pour comprendre quels éléments ont amené son autrice à devenir une des figures incontournables du shôjo des années 2000. Autrement, cette petite collection dénichable pour trois fois rien en occasion est un bon plan, pour peu que l’on souhaite découvrir une petite histoire pleine d’amour et d’attention.

Couverture du magazine LaLa d’août 2002, d’où est publié le premier chapitre.

Titre : Meru Puri – Märchen Prince
Titre VO : めるぷり (メルヘン・プリンス)
Auteur : Hino Matsuri
Genres : Romance, fantastique
Éditeur : Panini (France)
Nombre de volumes : 4 (terminés)
Première publication : De août 2002 à Septembre 2004

Synopsis :
Airi ne rêve que du grand amour… jusqu’au jour où elle rencontre un petit garçon égaré, Alam. Elle décide de veiller sur l’enfant qui, en réalité, n’est autre que le prince du royaume magique d’Aster ! Victime d’un mauvais sort lancé par son insupportable frère aîné Jeile, Alam vieillit à chaque fois qu’il se retrouve dans l’obscurité  ! Lorsque Airi se réveille le lendemain matin, c’est un beau jeune homme qu’elle découvre dans son lit !

Dareen

Président du Collectif Hanashi.

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