À l’heure de l’explosion de la VOD, les animés à ambition internationale se multiplient, notamment dans le giron du géant Netflix désormais coproducteur, en plus d’être distributeur. Réalisé au sein de Wit Studio, Great Pretender est la dernière série animée japonaise inédite de la plateforme, et l’une des plus ambitieuses. Le résultat est un savoureux mélange des genres s’inspirant autant de l’illustre saga Lupin the third (aussi connu en France sous le nom d’Edgar de la Cambriole) que des films de gangsters des années 90 (Ocean’s Eleven de Steven Soderbergh ou encore Usual Suspects de Bryan Singer). On peut aussi remarquer une filiation avec Cowboy Bebop de Shin’ichirô Watanabe, principalement pour son invitation au voyage, sa BO entraînante et ses génériques stylisés. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que ça balance !
Quel est le plan ? Makoto Edamura, meilleur escroc du Japon autoproclamé, utilise son visage d’ange pour arnaquer quiconque a le malheur de se trouver sur son chemin, des passants naïfs aux grand-mères suspicieuses, jusqu’aux vacanciers oisifs. Sauf que sa dernière victime est tout sauf un simple touriste : Laurent Thierry, français désinvolte, est lui aussi un truand, mais de classe bien supérieure. Les petites arnaques visant le commun des mortels, ce n’est pas son style. Lui, il vise haut, et gros. Très gros. Par exemple, un magnat d’Hollywood qui produit des films pour masquer son activité principale de trafic de drogues. Laurent a justement besoin d’un Japonais pour ce coup-là, et Makoto pourrait faire l’affaire. Mais surtout, pris au piège à Los Angeles, Makoto a-t-il vraiment le choix ?
Vous l’aurez compris, le scénario reprend le principe du film d’arnaque à twist, et le fait bien. Les rebondissements s’enchaînent à un rythme étourdissant, et la plupart des épisodes ont droit à de savoureux cliffhangers. Mais le genre a ses faiblesses, notamment son côté répétitif, qui peut finir par lasser et rendre trop prévisibles certains dénouements. La fin de la série trahit d’ailleurs un léger essoufflement de l’intrigue, compensé heureusement par la variété des situations et des ambiances.
Divisée en quatre parties, la série nous fait voyager de Los Angeles à Londres et Shanghaï, des déserts arabes aux immeubles de Singapour et aux îles hawaïennes. Déguisements, mensonges (parfois à dormir debout), trafics, chantages, courses poursuites en tous genres, mais aussi romance, amitié, vengeance, deuil, résilience… L’intelligence du scénariste est de parvenir à varier les plaisirs au cours des diverses aventures de cette bande d’arnaqueurs, de plus en plus attachants à mesure qu’on apprend à les connaître.
L’une des plus grandes réussites de la série est indéniablement le travail porté à l’aspect visuel. Au chara-design, Yoshiyuki Sadamoto (Neon Genesis Evangelion, FLCL) a développé un style moderne, axé sur l’efficacité et l’expressivité des personnages. Les décors stylisés révèlent des couleurs vibrantes, parfaitement en phase avec l’ambiance énergique de la série. La musique n’est pas en reste : des compositions jazzy et survoltées accompagnent efficacement les aventures de nos joyeux lurons. Enfin, on ne peut parler de cet animé sans mentionner ses génériques, deux pépites visuelles qui encadrent à merveille les épisodes : les tableaux épurés et le swing énergique de l’ouverture, et des chats mélodramatiques sur la voix d’un certain Freddy Mercury pour baisser le rideau avec style.
Haletante, enjouée et foisonnante de détails, Great Pretender est définitivement une des séries à voir de 2020. Un plaisir pour les yeux et les oreilles, et un excellent divertissement, parfait pour oublier les soucis du quotidien. Et ma foi, c’est parfois tout ce dont on a besoin.
À noter que la série est en cours d’adaptation en manga, prépublié depuis le 10 juin 2020 au Japon. Il n’y a pas de date de sortie en France à l’heure où j’écris ses lignes, mais vu le succès de l’animé, ce n’est pas impossible que le manga nous parvienne bientôt.
Et vous, lecteurs Hanashistes, qu’en avez-vous pensé ?
Réalisation : Hiro Kaburagi
Scénario : Ryota Kosawa
Musique : Yutaka Yamada
Studio : Wit Studio
Genres : Action, Aventure, Mystère, Comédie
Distributeur : Netflix
Durée : 23 épisodes de 24 minutes
Première diffusion : 2 juin 2020
Synopsis : Makoto Edamura est censé être le plus grand escroc du Japon. Un jour, lui et son partenaire tentent d’escroquer un touriste français, mais ce sont eux qui se font avoir. Il s’avère que ce « touriste » est un prénommé Laurent Thierry, un « négociant » qui ne prend pour cible que des personnes « corrompues ». Makoto Edamura est loin d’imaginer ce qui l’attend après s’être engagé dans les affaires du Français.