Hanashi

Born to be on air! – Les Élucubrations d’une stupide pocharde

Commençons cette critique avec un petit avertissement : si un débit rapide de dialogues a tendance à vous donner la migraine, mieux vaut passer votre chemin. Car si l’on doit donner un seul qualificatif à l’héroïne de Born to be on air!, c’est d’être bavarde, loquace, pipelette. Ses longs monologues, qui sont la marque de fabrique de la série, nécessitent une certaine attention pour en apprécier l’humour et la saveur (je déconseille le visionnage en cas de gueule de bois ou de coup de barre). Mais si vous accrochez à l’introduction lunaire et géniale du premier épisode, alors la suite devrait vous séduire.

« Vous écoutez Born to be on air, avec Koda Minare ! »

De quoi ça parle ? Minare Koda, énergique jeune femme de 25 ans, est dans une mauvaise passe : sans diplôme ni but dans la vie, serveuse gaffeuse dans un petit restaurant, et surtout récemment larguée par son petit ami qui lui a extorqué toutes ses économies avant de disparaître. Tentant de noyer ses malheurs dans l’alcool dans un bar, elle va s’épancher auprès de son voisin de comptoir M. Mato, qui se révèle être producteur radiophonique. Impressionné par sa voix et son débit de parole, il va alors la convaincre de tenter sa chance en tant qu’animatrice de radio. 

Soyons clairs, Minare Koda n’a rien d’une héroïne : elle est égocentrique, rageuse, impertinente, lâche, paresseuse, prompte aux mauvaises décisions. Sa vie est une débâcle, ses romances, pires encore. Mais Minare a pour elle une force de vivre monumentale, une résilience incroyable et une autodérision vulgaire et jouissive, doublées d’un sacré talent d’improvisation. Contre les mésaventures de la vie, elle se débat, se relève, contre-attaque et avance férocement, refusant de se laisser abattre, malgré les galères dans lesquelles la plonge constamment son mauvais caractère. Certes, Minare est un aimant à problèmes; même l’émission de radio pour laquelle elle est recrutée n’occupe qu’un petit créneau de nuit sur une radio régionale, écouté seulement par des routiers, des insomniaques et des joueurs de mah-jong. Mais sa force de caractère la rend tellement attachante qu’on se surprend à l’encourager, à se demander jusqu’où elle peut aller, la sachant capable de faire face à toute adversité. Tout en souhaitant lui mettre des claques quand elle fait de la m*rde. 

De manière plus générale, l’écriture des personnages, et pas seulement de Minare, est le point le plus soigné de la série. Les personnages secondaires sont nombreux, et pourtant, tous parfaitement identifiables et remarquables : son collègue cuistot aux cheveux décolorés et à la générosité débordante, le chef gay du restaurant aux mains baladeuses, le producteur en fin de carrière mais toujours entreprenant, son assistante trop attentionnée et timide pour s’affirmer, et bien d’autres encore, que l’on découvre au fil du récit. Un point cependant les rassemble tous : à leur manière, ce sont tous des personnages en marge de la société, qui font des erreurs, se blessent ou blessent autrui, mais continuent toujours d’avoir des ambitions et de se battre, en quête de reconnaissance, d’amour, d’une place qui leur convienne.

À travers la tranche de vie d’une jeune femme paumée découvrant le milieu de la radio, média tombé en désuétude, la série fait l’éloge de ces personnalités hors normes, de ceux qui tracent leur vie en dehors des sentiers battus. Ces qualités, sa thématique singulière et le ton mature de la série en font un seinen insolite et rafraîchissant, loin des standards de l’animation japonaise.

Concernant l’aspect plus technique, il faut souligner l’excellent travail d’adaptation et de scénarisation qui réussit à reprendre le ton du manga, tout en s’en libérant pour remodeler le récit en douze épisodes et proposer une fin inédite poignante, parfaitement en phase avec le reste de l’animé. La doubleuse de Minare, Riho Sugiyama, fait également une performance impressionnante qui participe beaucoup à la réussite de la série, doublage d’autant plus marquant quand on sait qu’il s’agit d’un de ses premiers rôles majeurs !

J’ai aussi apprécié le chara-design des personnages, même s’il perd la sensibilité du manga original par Hiroaki Samura (qu’on connaît pour L’Habitant de l’Infini – oui oui, c’est bien lui) dont le trait est toujours aussi soigné. Mon principal bémol concerne l’animation que j’ai trouvée très basique, alors que de nombreuses scènes ont un grand potentiel visuel. Mais ce n’est qu’un détail concernant la qualité générale de l’animé.

Pour conclure, je ne peux que vous conseiller de laisser sa chance à la série Born to be on air!. Elle a les défauts de ses qualités et ne peut donc pas plaire à tout le monde, mais ce serait dommage de passer à côté. D’autant plus que les animés avec une femme adulte dans le rôle du protagoniste, ce n’est pas fréquent. J’attends avec impatience vos avis sur la série dans les commentaires !

Titre : Born to be on air!
Titre VO : 波よ聞いてくれ Wave, Listen to Me!

Réalisation : Tatsuma Minamikawa
Artiste original : Hiroaki Samura
Scénario : Shoji Yonemura
Musique : Motoyoshi Iwasaki
Studio : Sunrise
Genres : Comédie, Tranche de vie
Distributeur : Wakanim
Durée : 12 épisodes de 24 minutes
Première diffusion : 3 avril 2020
Synopsis :

Minare Koda, une jeune serveuse originaire de Sapporo, fait la rencontre dans un bar de Kanetsugu Matou, le directeur d’une station de radio locale. S’ensuit alors une conversation explosive sur les peines de cœur. Le lendemain, alors qu’elle est au travail, Minare entend ses diatribes de la veille à la radio ! Matou avait secrètement enregistré les complaintes de Minare et les a diffusées sur les ondes. Cette dernière se retrouve alors à présenter ses plus plates excuses en direct ! Ce moment de radio fait un carton et rapidement, on lui propose de présenter sa propre émission. C’est ainsi que débute l’histoire de cette présentatrice en herbe.

 

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