Hanashi

Starlight Promises – Chronique d’une publicité haut de gamme

En nous amusant un week-end à regarder quelques productions méconnues du catalogue Crunchyroll avec Sweety, nous sommes tombés sur un moyen métrage nommé Starlight Promises, dont nous n’avions strictement aucune idée du contenu. Ce fut l’occasion de découvrir une œuvre très plaisante, une jolie histoire dont les ambitions sont malheureusement bridées par un format beaucoup trop juste qui ne permet pas d’appréhender toutes ses richesses. En creusant sur le pourquoi de la conception de ce petit film de 62 minutes, je me suis rendu compte que sa production mérite ici un coup de loupe pour mieux comprendre les tenants et aboutissants d’une production originale aussi léchée, destinée à être vue légalement et gratuitement sur Crunchyroll et YouTube en VOSTFR.

Tout d’abord, un petit mot sur l’histoire. Shoma, un lycéen, renoue contact avec son vieux camarade Atsuhi par téléphone. Ce dernier l’invite à le rejoindre au festival de Tanabata, se situant dans un trou perdu en plein milieu de la montagne, un lieu étrange où la technologie régit le monde. Seules certaines personnes peuvent s’y rendre. Shoma n’y retrouvera pas Atsuhi, mais préparera le festival de Tanabata, se battra contre des samouraïs, vivra une potentielle romance, et trouvera des réponses à de vieux questionnements.

Le projet est conduit par XFLAG Studio, pôle divertissement de la société Mixi (derrière le monstre commercial Monster Strike) en coproduction avec le jeune studio Yokohama Animation Lab, dont l’objectif est de concevoir de nouveaux personnages utilisables dans des applications de jeux, en l’occurrence Fight League (inédit en France). Le film est mis à disposition gratuitement sur YouTube afin de toucher un large public, et pourquoi pas buzzer auprès des collégiens. Avec plus de 3 millions de vues sur cette plateforme, la mission est réussie.
En somme, cette réalisation peut clairement être qualifiée de produit publicitaire. Mais il serait dommage de ne la rabaisser qu’à ce service, car c’est souvent à partir de ces motivations pécuniaires que des créateurs s’amusent à modeler les travaux selon leurs propres envies, les élevant en tant qu’œuvres pour impacter durablement les spectateurs (Digimon Adventure est un bon exemple).

Au départ, il est question de concentrer le récit autour de combats sous adrénaline, dans un format de 40 minutes, soit le même que Sorcery in the Big City, également distribué par XFLAG sur YouTube. Pour se faire Kazuya Murata fut engagé, un professionnel ayant déjà planché sur de la SF, notamment à la direction de Suisei no Gargantia ou A.I.C.O. Incarnation. Il prit le concept à bras le corps et le modélisa selon ses volontés. Le concept d’un village replié sur lui-même provient d’un festival, le matsuri Akamata Kuromata des îles Yaeyama, réservé uniquement aux membres de la confrérie (ce qui explique le manque de documentation à leur sujet). Un cadre futuriste a été incorporé pour une approche plus originale du récit, offrant un délicieux mélange entre tradition et modernité. En voulant crédibiliser le contexte de l’histoire tout en développant correctement les motivations des protagonistes, la durée de l’œuvre dut augmenter, changeant l’idée même du concept original, de « s’enfuir d’un lieu » à « trouver le mystère derrière ce lieu ». Moins d’action, plus de suspense, Starlight Promises n’a plus grand-chose à voir avec les premières esquisses, et ce n’est pas plus mal.

À mon sens, le film se démarque principalement grâce un univers réfléchi et bien pensé. L’organisation d’une fête dans un village complètement perdu au fin fond du Japon se justifie par l’apport d’une technologie de pointe au récit, dans une exposition ne laissant rien au hasard. Entre une tenue moulante conférant des capacités physiques premium, un casque VR permettant de visualiser instantanément les tâches à effectuer, le tout piloté par un intelligence artificielle sous forme holographique, les idées fusent, mais la complexité d’un tel univers demande du temps à l’écran et tend à casser le rythme. Heureusement, de nombreuses scènes sont allouées pour que le spectateur profite du visuel splendide, qu’il s’agisse des décors oniriques ou du travail sur la lumière dans une animation incorporant parfois de la 3D, comme les séquences de nuit éclairées par des torches.
Et entre la charmante composition musicale traditionnelle signée Taro Iwashiro, et un bouquet final d’émotions, difficile de ne pas craquer lorsque vient la jolie voix d’Anri Kumaki lors du générique de fin (souvenez-vous, elle était derrière l’ending de Voyage vers Agartha, mais aussi celui de Charlotte).

Une heure pour s’échapper au sein d’un matsuri idyllique, c’est la promesse de Starlight Promises. Rythmé, surprenant, superbe, on fermera aisément les yeux sur une écriture peu optimale pour profiter de ce spectacle de qualité. J’ai passé un excellent moment devant ce métrage, je vous souhaite également le même plaisir de découverte.

Titre : Starlight Promises
Titre VO : 約束の七夜祭り
Directeur : Kazuya Murata
Studio : XFLAG Studio, Yokohama Animation Lab
Genres : Fantastique, drame
Distributeur : Crunchyroll, YouTube
Durée : 62 minutes
Première diffusion : 3 août 2018

Synopsis :
Le lycéen Shôma Mihara n’a plus de contact avec son meilleur ami Atsushi depuis qu’ils ont changé d’école, il y a trois ans et demi. Un jour, Atsushi reprend contact et l’invite à le rejoindre pour un festival, dans un village de montagne. Shôma s’y rend, mais il ne trouve pas son ami. Il fait en revanche la connaissance d’une fille, Shiori, elle aussi à la recherche de quelqu’un. Cette jolie fête sera pour eux le théâtre d’étranges événements…

Dareen

Président du Collectif Hanashi.

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