Hanashi

Keep Your Hands Off Eizouken! – Ode à la fantaisie

Amis Hanashistes, je me permets d’attirer votre attention : résumer Keep Your Hands Off Eizouken! à son genre « comédie » et à son pitch plutôt classique serait une méprise bien dommage. Au milieu des innombrables séries de clubs collégiens et lycéens, celle-ci sort du lot par son originalité, ses qualités techniques et ses personnages haut en couleurs. Et si le nom du réalisateur Yuasa Masaaki* vous parle, vous comprendrez aisément où je veux en venir : Keep Your Hands Off Eizouken! fait partie de ces OFNI** qui m’enthousiasment et dont je pourrais parler des heures durant. Mais promis, je vais essayer d’être concise. En avant !

Synopsis : la lycéenne Midori Asakura adore inventer et dessiner des univers incroyables dans lesquels elle se raconte toutes sortes d’histoires et d’aventures. Passionnée par le cinéma d’animation, elle est cependant trop réservée et craintive pour oser se lancer dans un véritable projet. Jusqu’à sa rencontre inopinée avec Tsubame Mizusaki, jeune mannequin qui rêve en réalité de devenir animatrice. Sous l’impulsion d’une troisième comparse, la pragmatique Sayaka Kanamori, le trio fonde alors le club vidéo Eizouken afin de se lancer dans la création d’un dessin animé…

L’une des grandes forces de la série est son trio d’héroïnes hors normes, particulièrement attachantes. Ensemble, elles représentent les trois grandes facettes de la fabrication d’un film. L’exaltée Asakusa, qui ne peut s’empêcher de transformer la moindre anecdote en aventure fantastique, incarne l’aspect créatif, et apprend à endosser peu à peu les responsabilités de réalisatrice et scénariste. L’aspect technique de l’animation est personnifié par la zélée Mizusaki, qui utilise son expérience et son sens du détail pour reproduire au mieux le mouvement avec les moyens dont elle dispose. Enfin, et pas des moindres, le rôle de productrice revient à la flegmatique Kanamori, dont les ressources de patience et d’organisation sont mises à rude épreuve pour réussir à cadrer ses camarades jusqu’à la finalisation d’un film.

Au fur et à mesure de l’évolution des personnages, la série alterne efficacement les séquences du quotidien du club avec les visualisations des univers imaginés par les personnages, et les passages explicatifs sur l’animation, son fonctionnement et ses astuces.

Car aussi passionnées qu’elles soient, nos héroïnes restent des lycéennes, des débutantes qui apprennent en expérimentant et en faisant des erreurs. Les craintes d’Asakusa au tout début de la série sont bien fondées : créer un film d’animation est une tâche laborieuse. Ses connaissances personnelles se retrouvent vite limitées face aux aléas de la réalité : le manque de budget, de matériel, de temps, d’énergie, de communication… Des problématiques bien réelles, y compris pour les professionnels du milieu. Mais c’est sans compter la détermination de l’équipe d’Eizouken, qui apprend à rebondir et à improviser, à collaborer et à s’agrandir pour ressembler un peu plus, à chaque nouveau projet, à un véritable studio d’animation.

L’un des tours de force de la série est d’ailleurs sa diversité en terme d’animation. Pas moins de trois styles visuels différents se succèdent au cours des épisodes, pour séparer la vie réelle de nos héroïnes, leurs fantaisies spontanées et leurs productions animées. Le charadesign est atypique, presque non genré, à l’image du manga originel (non disponible en France, malheureusement.) La seule exception revient au personnage Mizusaki, au design et à la tenue plus féminins, justifiés par son travail de mannequin. Ici priment avant tout l’expressivité des personnages et l’humour, accentués encore par l’inventivité des situations et le soin apporté aux détails de l’animation.

Et bien sûr, il ne faut pas oublier la BO fantasque, au style là encore inclassable, et les génériques dynamiques qui résument parfaitement l’ambiance de la série. L’opening, notamment, a tellement marqué les spectateurs que plusieurs détournements des poses des protagonistes se retrouvent sur Internet. Personnellement, je me suis contentée d’écouter la chanson tous les jours en allant au travail pendant des mois.

Keep Your Hands Off Eizouken! est finalement une de ces curiosités qui bousculent de temps à autre le milieu formaté de l’animation japonaise. Ce n’est probablement pas un hasard si cette adaptation a été confiée au studio Science SARU, créé par l’excellent réalisateur Yuasa Masaaki*, responsable de quelques-uns des animés les plus réjouissants de ces deux dernières décennies. Car au-delà des péripéties trépidantes de nos trois héroïnes, la série se révèle être aussi (surtout ?) un hommage décoiffant au dévouement des travailleurs de l’imaginaire et à l’exaltation de la création, parsemée de références à Hayao Miyazaki ou Paul Grimault, pour ne citer que les plus connus.

Une histoire de passionnés par des passionnés, pour tous les amateurs et les curieux.

* Yuasa Masaaki a entre autre réalisé les films Mind Game, Lou et l’île aux sirènes et Ride Your Wave, mais aussi les séries Tatamy Galaxy, Ping Pong the Animation et Devilman Crybaby.
** OFNI : Objet Filmique Non Identifié

Titre : Keep Your Hands Off Eizouken!
Titre VO : 映像研には手を出すな!
Réalisation : Masaaki Yuasa
Artiste original : Sumito Oowara
Scénario : Yuuichirou Kido
Musique : Oorutaichi
Studio : Science SARU
Genres : Comédie, Tranche de vie
Distributeur : Crunchyroll
Durée : 12 épisodes de 24 minutes
Première diffusion : 6 janvier 2020Synopsis : Midori Asakura est en première année de lycée et elle adore tellement l’animation qu’elle conceptualise tout ce qui l’entoure en dessin animé. Bien qu’elle dessine constamment sur son carnet de croquis, elle n’a jamais osé créer un animé, insistant sur le fait qu’elle ne pourrait s’en charger seule. La productrice en herbe Sayaka Kanamori est la première à remarquer son génie. Lorsqu’il s’avère que leur camarade de classe, la charismatique mannequin Tsubame Mizusaki, rêve de devenir animatrice, toutes les conditions sont réunies pour se réunir au sein d’un club afin de créer le « monde parfait” qu’elles ont en tête.

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